SNCF | « Patrick », la première rame TGV, va prendre sa retraite et passe par l'Alsace

Repeint partiellement en orange comme lors de son lancement en 1978, « Patrick » fait actuellement la tournée des Technicentres pour que les cheminots puissent lui dire adieu. La rame a fait étape à Bischheim vendredi pour son incontournable « pot de départ » !

4 mai 2021 à 10h56 par Pierre Maurer

Une des deux motrices de la rame 01 parquée au Technicentre de Bischheim

Crédit : PM/DKL

« Patrick » n'en a que faire de l'actuel débat autour de l'âge de départ à la retraite... Les annuités, il ne les a pas mais qu'importe. Plus de que ses 41,7 années de service, on retiendra ses 13,5 millions de kilomètres parcourus !



"On n'attend pas Patrick ?" Plus cette fois-ci... La première rame du réseau TGV (surnommée "Patrick" par les cheminots) prend sa retraite près plus de 41 ans de service ! Baroud d'honneur ces jours-ci dans les technicentres comme ce matin à Bischheim (poke @NicolasW_GRAOU) pic.twitter.com/Ne8LHwXLG2


— Pierre Maurer (@maurerpier) February 7, 2020




Une rame qui a traversé les années sur le réseau français


Livré en juillet 1978 par Alstom Belfort, "Patrick" a été mis en service sur l'axe TGV Sud-Est en 1981. Au fil des époques et des kilomètres parcourus, il a fait plusieurs étapes dans le Technicentre de Bischheim pour y subir ses plus grosses opérations de maintenances.


Un peu plus de 1000 personnes travaillent dans les ateliers du nord de l'Eurométropole. C'est une véritable « ville dans la ville » et personne n'aurait manqué le dernier hommage rendu à ce train de légende.


Ce vendredi, une grande partie des cheminots a donc traversé pour la dernière fois le couloir central des voitures qui composent la rame. L'extérieur avait été repeint dans les trois livrées qui ont fait le succès du TGV : orange (pour les motrices), atlantique (pour une partie des voitures) et de gris/carmillon (mélange de rouge et vermillon). A l'intérieur, une exposition retrace l'histoire de la grande vitesse et les spécificités de cette technologie.



Presque dans l’anonymat le plus complet, après 40 ans de bons et loyaux services et plus de 14 millions de kms, la rame TGV 01, Patrick, vient de prendre sa retraite.Un projet de restauration vient de naître, sans pour autant en connaître l’issue. ⤵️ pic.twitter.com/frjEq4pwsb


— Conducteur de train (@Conducteur_RER) January 31, 2020




L'émotion d'une carrière toute entière pour les cheminots


Parmi les agents qui participent à cette visite, on retrouve un autre Patrick Dieboldt, de son nom de famille. Avec l'homonymie, il partage un autre point commun avec la rame : il l'a accompagnée à ses débuts, vers 1980, lorsqu'en tant que jeune apprenti il commençait sa carrière. « J'ai commencé sur ces rames en remplaçant les anciennes suspensions à, ressort par des suspensions pneumatiques » se souvient le cheminot. « Je suis très fier de tout cela, je suis vraiment de la +génération TGV orange+ ! La couleur orange, j'ai beaucoup regretté qu'elle soit abandonnée au fil des ans ! » regrette Patrick le cheminot.


Longtemps avant d'avoir pu bénéficier d'une desserte TGV (la première phase de la LGV Est a été inaugurée en 2007, ndr), l'Alsace a eu « son » TGV dans les ateliers de Bischheim. L'histoire dure depuis 1972, avec le développement et les essais puis les opérations de maintenance. « Un vrai privilège » reconnaît Patrick Dieboldt.



« On a découvert un matériel qui n'existait pas à l'époque ! Le TGV, on ne savait pas ce que c'était ici ! Faut pas oublier que les ateliers de Bischheim s'occupaient du matériel thermique (le diesel) et on nous amène de l'électrique ! Cela a été une vraie révolution en 1980 pour les gens d'ici qui ont su s'adapter ainsi qu'au fil des années »Patrick Dieboldt, cheminot bientôt à la retraite !



Après son escapade alsacienne, la rame « Patrick » sera présentée dans d'autres Technicentres jusqu'à fin février... avant de rejoindre définitivement la voie de garage.


Notre reportage consacré à cet événement